Du latin partes orationis, les parties du discours désignent traditionnellement les divisions grammaticales des mots en catégories ou classes, étant entendu que le mot de discours veut dire « assemblage de mots que l’on emploie pour communiquer avec autrui ». Si, depuis les Grecs, leur nombre a passablement varié au cours de l’histoire de la langue, pour les grammairiens de jadis celles-ci étaient au nombre de dix, à savoir le nom (ou substantif), l’article, l’adjectif, le pronom, le verbe, le participe, l’adverbe, la préposition, la conjonction et l’interjection.
Or cette classification n’est pas satisfaisante, l’interjection, par exemple, étant à elle seule un petit discours en soi, « un simple mot comme hélas ! holà ! fi ! en disant plus long qu’il n’est gros. » 1G. et R. LE BIDOIS, Syntaxe du français moderne, t. I, § 27. — Cf. ci-après, les mots invariables. Concernant la nature du mot, par opposition à sa fonction dans la phrase, ces catégories ou classes sont loin d’être aussi clairement délimitées qu’il paraît au premier abord, un même mot pouvant appartenir, en dehors de tout contexte, à plusieurs catégories : ainsi sourire est aussi bien un nom qu’un verbe à l’infinitif.
Selon les catégories de mots, la tradition utilisait des critères soit sémantiques (pour le nom, l’adjectif et le verbe) 2Du point de vue sémantique, le nom « désigne tout ce qui possède réellement, ou par abstraction une existence distincte. » (M. DESSAINTES, Recherches linguistiques et enseignement, p. 38), cité par M. GREVISSE – A. GOOSSE, Le Bon usage,§ 449, 13e éd., soit syntaxiques (pour la préposition et la conjonction en particulier). Or le procédé le plus sûr et le plus cohérent est de se fonder sur les critères morphologique et syntaxique.
Le critère morphologique, qui concerne la catégorie entière, est essentiellement la variabilité ou l’invariabilité d’un mot, étant entendu qu’il existe des mots ne variant pas (en genre ou en nombre), ou ne variant que partiellement.
Le critère syntaxique est la ou les fonctions que le mot est susceptible de recevoir dans la phrase. C’est ainsi qu’en vertu de ces deux critères on distingue onze espèces de mots : cinq de mots variables et six de mots invariables.
I) Les mots variables sont :
Le nom ou substantif : doté d’un genre, il varie en nombre ; l’adjectif, qui varie en genre et en nombre, selon le nom auquel il se rapporte ; le déterminant qui varie en genre et en nombre, selon le nom auquel il se rapporte ; le pronom, variant en genre et en nombre, parfois en personne (pronoms personnels) et, pour les pronoms relatifs et interrogatifs, selon leur fonction dans la proposition relative. Le verbe enfin, qui varie en personne, en nombre, en temps, en mode et en voix (au participe, il varie parfois en genre).
N.B. Si la catégorie des pronoms est finie, le nombre de pronoms étant limité, celle des noms en revanche, ne cesse de s’accroître.
II) Les mots invariables sont :
L’adverbe, susceptible de modifier un verbe, un adjectif ou un autre adverbe ; la préposition, qui établit des rapports entre des mots ou des syntagmes 3Le Bon usage appelle syntagme un groupe de mots formant une unité à l’intérieur de la phrase, ou un groupe ayant une fonction dans la phrase. Il se compose d’un élément principal ou noyau et d’un ou de plusieurs éléments subordonnés. On distingue les syntagmes verbaux et les syntagmes nominaux.; la conjonction de subordination, qui, comme son nom l’indique, établit un rapport de subordination entre un mot ou un groupe de mots et une proposition ‒ où elle n’a pas de fonction ; la conjonction de coordination qui unit des mots ou d’autres éléments de même fonction ; l’introducteur, qui sert à introduire un mot, un syntagme ou une phrase : c’est ainsi que les prépositions, les deux sortes de conjonctions et l’introducteur forment la catégorie des mots-outils. Réunis aux déterminants et aux pronoms, ils forment la catégorie des mots grammaticaux, mots qui, comme leur nom l’indique, ont un rôle plus grammatical que lexical.
Enfin dernier type de mots invariables, les mots-phrases, appelés ainsi car ils sont aptes à former une phrase à eux seuls. Regroupant entre autres des termes nommés interjections, mais non pas seulement, ce sont des mots tels que merci, bonsoir, bravo, allô, oui, non, stop, amen, etc.