Valeur fondamentale du subjonctif

Mode de la tension psychologique et de la subjectivité par excellence, le subjonctif est le mode « le plus mystérieux, ou du moins le plus gros de secrets, le plus délicat d’emploi, mais aussi le plus riche en nuances fines de la langue française. Loin d’être essentiellement le mode de la subordination, il est au contraire le mode indépendant, pleinement autonome […] du sentiment et du vouloir. » 1G. et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, t. I, § 820. Indiquant que le locuteur ou le scripteur ne s’engage pas sur la réalité du fait, il apparaît le plus souvent dans des propositions subordonnées – auquel cas il est dit prédicat de proposition 2On appelle prédicat ce que l’on dit du sujet : le ciel se couvre – Le temps est maussade. Le prédicat peut se présenter sous deux formes : celle de verbe : l’enfant dort, ou celle de verbe copule et d’un attribut du sujet : les circonstances semblent  favorables – le temps est maussade. Le verbe être est la copule par excellence : pur lien, il est dépourvu de tout contenu sémantique. ; mais il s’emploie aussi dans des propositions indépendantes : il est alors prédicat de phrase. De plus, « pour ce qui est de la perspective chronologique, il relève proprement et essentiellement de l’avenir » 3SFM I, § 771. , comme on le constatera par les exemples de cette présentation.

Remarque. – On parle parfois de déclin du subjonctif en français moderne ; il n’en est rien. S’il arrive que, dans certains cas, l’indicatif concurrence le subjonctif, il en est d’autres où l’on observe le mouvement inverse. En revanche, il est juste de dire que deux temps du subjonctif, l’imparfait et le plus-que-parfait, sont tombés en désuétude, ayant quasi disparu de la langue parlée et étant même concurrencés dans la langue écrite.

I.  le subjonctif dans les propositions indépendantes

Le subjonctif en proposition indépendante et dans les propositions incises est dit prédicat de phrase. Ne dépendant pas d’un terme principal, il exprime de lui-même, par sa propre force modale, que le procès est envisagé par un acte d’intelligence, ou qu’il est l’objet d’un sentiment. Il est défini comme étant le mode par lequel on interprète le procès. En proposition indépendante ou en proposition incise, l’interprétation dudit procès est implicite.

1°  Il se trouve dans les phrases injonctives (ordre, demande, conseil, prière) et dans les phrases optatives (souhait, voeu), surtout à la troisième personne, laquelle n’existe pas à l’impératif. Ce subjonctif, introduit par que en français moderne, s’emploie quand l’être ou la chose à qui l’on demande ou interdit un acte est distinct de l’interlocuteur :
Qu’il entre !Que personne ne sorte ! – Qu’ils fassent faire une nouvelle clef !
Lorsque le sujet est une proposition relative sans antécédent, ainsi que dans des expressions figées, que est supprimé :
Sauve qui peut ! – Advienne que pourra ! – Comprenne qui pourra !  Dieu vous garde !– Le Ciel t’entende ! –Grâce te soit rendue !
Dans la phrase optative, où la réalisation de l’acte est indépendante de la volonté humaine, on utilise les mêmes procédés que dans la phrase injonctive proprement dite : Qu’ils reposent en paix !–  [Que] Dieu vous entende !
Le subjonctif optatif s’emploie sans que dans un assez grand nombre de formules, souvent héritées de la langue ancienne et donc consacrées par l’usage, surtout à la troisième personne : Le diable m’emporte si j’y comprends quelque chose !
a) Avec inversion du sujet : Ainsi soit-il !Veuille / fasse le Ciel que …– Vogue la galère ! Vive la Suisse ! Béni soit Dieu !
b) Sans sujet : Grand bien te fasse !– Soit dit en passant. – Plaise / plût à Dieu que …!  
      –  A Dieu ne plaise ! 4A noter l’expression apparentée ce qu’à Dieu ne plaise, formant une proposition relative incise et signifiant : « pourvu que cette éventualité ne plaise pas à Dieu », c’est-à-dire ne se produise pas. Exemple : Dans le cas où – ce qu’à Dieu ne plaise  il refuserait de nous aider, ne devrions nous adresser à quelqu’un d’autre. C’est ainsi, ne t’en déplaise, tu ne peux rien y changer ! (= cela dût-il te déplaire, même si cela devait te déplaire).
c)   Avec que : Qu’à cela ne tienne ! (= Quelle importance ! Peu importe ! Que cela ne soit pas un obstacle !)

  Dans des phrases exclamatives, le subjonctif exprime une hypothèse que l’on envisage avec réprobation : Quoi ? Que je vende ma voiture ? Vous n’y songez pas !
  Le subjonctif indépendant peut se trouver dans une proposition juxtaposée, parfois coordonnée, ayant une valeur hypothétique ou concessive, voire temporelle :
          Que vous ayez été indisposé hier, je veux bien [le croire], mais vous auriez au moins pu m’en avertir. – Qu’il s’agisse de philosophie ou de théologie, cela ne change rien à l’affaire.

FORMATION DES TEMPS DU SUBJONCTIF

Pour former le présent du subjonctif des verbes français, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent, on se fonde sur la 3e personne du pluriel du présent de l’indicatif, dont on tire les trois personnes du singulier, ainsi que la 3e personne du pluriel :

1er groupe : infinitif en –ER : chanter

Ils chantent : → que je chante, que tu chantes, qu’il[s] chante[nt].
Ils étudient : → que j’étudie, que tu étudies, qu’il[s] étudie[nt].

2e groupe : infinitif en –IR et participe présent en –issant

Ils finissent : → que je finisse, que tu finisses, qu’il[s] finisse[nt].

3e groupe : infinitif en –IR ou  en –RE et participe présent en –ant 5Outre les verbes en –ir qui font leur participe présent en  –ant,  le 3e groupe comprend tous les verbes en –oir, tous les verbes en –re, ainsi que le verbe aller, qui, du fait de ses nombreuses irrégularités et en dépit de sa terminaison en –er n’appartient pas au 1er groupe.

Ouvrir : ils ouvrent : → que j’ouvre, que tu ouvres, qu’il[s] ouvre[nt].
Ecrire : ils écrivent : → que j’écrive, que tu écrives, qu’il[s] écrive[nt].
Voir : ils voient : → que je voie, que tu voies, qu’il[s] voie[nt].
Boire : ils boivent : → que je boive, que tu boives, qu’il[s] boive[nt].
Rendre : ils rendent : → que je rende, que tu rendes, qu’il[s] rende[nt].
Craindre : ils craignent : → que je craigne, que tu craignes, qu’il[s] craigne[nt].
Plaire : ils plaisent : → que je plaise, que tu plaises, qu’il[s] plaise[nt].
      Exception : le verbe aller forme les 3 personnes du singulier et la 3e du pluriel sur le radical aill– : que j’aille, que tu ailles, qu’il aille, qu’ils aillent.

     Quant aux deux premières personnes du pluriel, elles sont identiques aux personnes correspondantes de l’imparfait de l’indicatif :
Nous chantions, vous chantiez : → que nous chantions, que vous chantiez.
Nous étudiions, vous étudiiez : que nous étudiions, que vous étudiiez 6Remarquer les deux –i–, le premier appartenant au radical du verbe (étudi–), le second à la terminaison de l’imparfait de l’indicatif !.
Nous finissions, vous finissiez : → que nous finissions, que vous finissiez.
Nous ouvrions, vous ouvriez : → que nous ouvrions, que vous ouvriez.
Nous écrivions, vous écriviez : → que nous écrivions, que vous écriviez.
Nous voyions, vous voyiez : que nous voyions, que vous voyiez.
Nous buvions, vous buviez : que nous buvions, que vous buviez.
Nous rendions, vous rendiez : que nous rendions, que vous rendiez.
Nous craignions, vous craigniez : que nous craignions, que vous craigniez.
Nous plaisions, vous plaisiez : que nous plaisions, que vous plaisiez.
Nous allions, vous alliez : que nous allions, que vous alliez.

            Les auxiliaires être et avoir, qui servent à former le passé du subjonctif, ont un subjonctif présent irrégulier :
            ETRE : que je/tu sois, qu’il soit, que nous soyons,  que vous soyez,  qu’ils soient.
            AVOIR : que j’aie, que tu aies, qu’il ait, que nous ayons,  que vous ayez,  qu’ils aient.

Pour former l’imparfait du subjonctif 7Ces formes, employées dans la langue soignée, sont données ici pour être avant tout reconnues. des verbes français, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent, on se fonde sur la 2e personne du singulier du passé simple de l’indicatif, dont on tire les trois personnes du singulier et du pluriel :

1er groupe : infinitif en –ER : chanter

Tu chantas : → que je chantasse, que tu chantasses, qu’il chantât, que nous chantassions, que vous chantassiez,  qu’ils chantassent.
Tu étudias : → que j’étudiasse, que tu étudiasses, qu’il étudiât, que nous étudiassions, que vous étudiassiez,  qu’ils étudiassent.

2e groupe : infinitif en –IR et participe présent en –issant

Tu finis : → que je finisse, que tu finisses, qu’il finît, que nous finissions, que vous finissiez,  qu’ils finissent 8Remarquer qu’à l’exception de la 3e personne du singulier, les autres personnes de l’imparfait du subjonctif des verbes du 2e groupe sont identiques à celles du présent de ce mode..

3e groupe : infinitif en –IR ou  en –RE et participe présent en –ant 9Outre les verbes en –ir qui font leur participe présent en  –ant,  le 3e groupe comprend tous les verbes en –oir, tous les verbes en –re, ainsi que le verbe aller, qui, du fait de ses nombreuses irrégularités et en dépit de sa terminaison infinitive en –er, n’appartient pas au 1er groupe.

Ouvrir : tu ouvris : → que j’ouvrisse, que tu ouvrisses, qu’il ouvrît, que nous ouvrissions, que vous ouvrissiez,  qu’ils ouvrissent
Ecrire : tu écrivis : → que j’écrivisse, que tu écrivisses, qu’il écrivît, que nous écrivissions, que vous écrivissiez,  qu’ils écrivissent
Voir : tu vis : → que je visse, que tu visses, qu’il vît, que nous vissions, que vous vissiez,  qu’ils vissent.
Boire : tu bus : → que je busse, que tu busses, qu’il bût, que nous bussions, que vous bussiez,  qu’ils bussent.
Rendre : tu rendis : → que je rendisse, que tu rendisses, qu’il rendît, que nous rendissions, que vous rendissiez,  qu’ils rendissent.
Craindre : tu craignis : que je craignisse, que tu craignisses, qu’il craignît, que nous craignissions, que vous craignissiez, qu’ils craignissent.
Plaire : tu plus : → que je plusse, que tu plusses, qu’il plût, que nous plussions, que vous plussiez, qu’ils plussent.
Venir et tenir 10Ainsi que leurs composés.— Venir : je vins, tu vins, il vint, nous vînmes, vous vîntes, ils vinrent ; tenir : je tins, tu tins, il tint, nous tînmes, vous tîntes, ils tinrent. – Aller a un passé simple régulier : j’allai, tu allas, etc. ayant un passé simple irrégulier forment leur subjonctif imparfait comme suit :
Que je vinsse, que tu vinsses, qu’il vînt, que nous vinssions, que vous vinssiez, qu’ils vinssent.

            Les auxiliaires être et avoir 11Passé simple de l’auxiliaire être :je fus, tu fus, il fut, nous fûmes, vous fûtes, ils furent ; et de l’auxiliaire avoir : j’eus, tu eus, il eut, nous eûmes, vous eûtes, ils eurent., qui servent à former le plus-que-parfait du subjonctif, forment l’imparfait de leur subjonctif de la même manière :
Etre : que je fusse, que tu fusses, qu’il fût, que nous fussions,  que vous fussiez,  qu’ils fussent.
Avoir : que j’eusse, que tu eusses, qu’il eût, que nous eussions,  que vous eussiez,  qu’ils eussent.

N.B. Un point d’orthographe grammaticale 
Alors que la 3e personne du singulier du passé simple de l’indicatif ne prend jamais d’accent circonflexe : elle vit, il fut, il alla, elle fit, il parla, elle ouvrit, il résolut, elle peignit, etc., la 3e personne du singulier de l’imparfait du subjonctif, en revanche, en prend toujours un : qu’elle vît, qu’il fût, qu’il allât, qu’elle fît, qu’il parlât, qu’elle ouvrît, qu’il résolût, qu’elle peignît, etc.

II.  le  subjonctif  dans  les  propositions  subordonnées

Lorsqu’un terme principal (verbe, substantif, conjonction ou locution conjonctive) commande l’emploi du subjonctif en proposition subordonnée, le procès n’est pas posé, mais envisagé : l’interprétation est donc explicite et le subjonctif de subordination est dit prédicat de proposition complément, sujet, etc. Les types de propositions subordonnées régissant le subjonctif étant nombreux, les emplois de celui-ci  ne seront qu’énumérés ici.

Le subjonctif s’emploie dans les propositions subordonnées suivantes :

A) Dans les propositions subordonnées relatives, lorsque le locuteur ne s’engage pas sur la réalité du fait exprimé. C’est notamment le cas lorsque l’antécédent contient un superlatif relatif ou un adjectif impliquant une idée superlative, que la proposition relative exprime une nuance de conséquence subjective, qu’elle suit un tour négatif, ou encore qu’elle se trouve dans une phrase interrogative ou conditionnelle.

B) Dans les propositions conjonctives :

a)   Dans les propositions conjonctives essentielles 12On appelle propositions conjonctives essentielles (ou pures) des propositions introduites par une conjonction de subordination – le plus souvent que – qui remplissent dans la phrase des fonctions nominales essentielles : sujet, c.o.d., c.o.i., cpl. de nom, d’adjectif, ainsi que les subordonnées introduites par voici, voilà, c’est., quand le locuteur ne s’engage pas sur la réalité du fait exprimé. C’est notamment le cas lorsque :
1°  le support de la proposition (c.-à-d. l’expression introductrice) exprime la négation, le doute ou la possibilité ;
2°  le support exprime une constatation, une certitude, une vraisemblance ou une probabilité accompagnées d’une négation, ou se trouvant dans une phrase interrogative ou dans une proposition de condition ;
3°   le support est non pas que, non point que, ce n’est pas que, ce n’est point que ;
4°  le support exprime la nécessité (il faut, etc.), ou la volonté (ordre, prière, désir, souhait, permission, défense, empêchement) ;
5°  le support marque un sentiment (joie, tristesse, crainte, regret, admiration, étonnement, etc.)
6°   la proposition sujet ou complément est placée en tête de phrase ;
7°   le support est un verbe impersonnel : il arrive que, il suffit que, ou les verbes attendre que et s’attendre que 13Préférable à  s’attendre à ce que..

b) Dans les propositions corrélatives 14On appelle propositions corrélatives des propositions introduites par que (ou pour que) et qui sont commandées par un mot – autre que le verbe ou un nom – de la phrase ou de la proposition dont elles font partie : Elle est plus malade que je ne pensais ; il a tellement couru qu’il est essoufflé. de conséquence, lorsque le verbe introducteur est négatif, ou si la phrase est interrogative ; dans les propositions corrélatives comportant une nuance de but, et notamment quand le verbe introducteur exprime la volonté ou la nécessité ; après assez … pour que, suffisamment … pour que, trop … pour que  (valeur consécutive).

C)    Dans les propositions adverbiales 15On appelle propositions adverbiales des propositions introduites par des conjonctions de subordination diverses (rarement que seul), qui, dans la plupart des cas, jouent dans la phrase le rôle de compléments non essentiels et adverbiaux de verbes. On les appelle aussi propositions circonstancielles.

1°   Marquant le temps et introduites par avant que, en attendant que, jusqu’à ce que ;
2°   Marquant le but et introduites par afin que, pour que, à [la] seule fin que. A cette catégorie se rattachent les locutions marquant la manière (ou la conséquence), lorsqu’elles expriment le but, ce qui est parfois le cas : de manière que, de façon que, de (ou en) sorte que ;
3°   Marquant la concession et introduites par bien que, quoique, encore que, si … que, pour … que 16En revanche, tout…que se construit de préférence avec l’indicatif.,  quelque …que ;
4°   Marquant la condition ou la supposition et introduites par une locution composée à l’aide de que : à moins que, pour peu que, pourvu que, ainsi que à [la] condition que, sous [la] condition que, moyennant que, autant que, pour autant que (après ces cinq dernières locutions on trouve aussi l’indicatif) ;
5°   Après sans que, faute que.

III.  Emploi  des  temps  du  subjonctif

Mode du procès en cours, ou en devenirin fieri, pour reprendre la terminologie latine de G. Guillaume – le subjonctif distingue mal les époques : n’a-t-il pas la moitié seulement des temps de l’indicatif ? En comparaison de celui-ci, en effet, il ne dispose que de moyens limités pour exprimer le temps (ou chronologie), et l’absence d’un “futur du subjonctif” est, dans certains cas, ressentie comme un déficit de la langue. Contrairement à ce que l’on prétend, et que l’on enseigne généralement, c’est le sens, et non la règle, qui conditionne le choix de telle ou telle forme grammaticale, la grammaire n’étant que la servante de la pensée ! En conséquence, on se sert du subjonctif toutes les fois que, dans un énoncé, la prise en considération, l’interprétation d’un fait l’emportent sur l’actualisation de ce fait.

On distingue, à la suite de Guillaume, un subjonctif I (présent et passé de ce mode) et un subjonctif II  (imparfait et plus-que-parfait de ce mode) 17Dans la langue parlée, et même dans la langue écrite ordinaire, le subjonctif a trois temps : le présent, le passé et le passé surcomposé. Ce dernier s’emploie lorsque l’on veut insister sur l’idée d’achèvement : je me serais ennuyé à mourir avant qu’il n’ait eu fini., qui s’opposent comme suit :

a) Le subjonctif I s’emploie pour souligner que l’action considérée a un avenir dans l’esprit du locuteur : mes parents  veulent que mon frère apprenne à jouer de l’orgue.
b) Le subjonctif II s’emploie pour souligner que, dans l’esprit du locuteur, l’avenir de ladite action est fermé par le sentiment qu’a de sa propre actualité celui qui parle : mes parents  voulaient que mon frère apprît à jouer de l’orgue.

       Dès lors, bien que l’apprentissage de l’orgue se rapporte à l’avenir par rapport au désir du locuteur, il n’est pas situé dans l’avenir par une forme verbale spécifique (un “subjonctif futur”, qui d’ailleurs n’existe pas) ; c’est pourquoi le locuteur, prenant sa propre actualité comme point de repère, recourt aux mêmes temps du subjonctif, en dépit du temps passé du verbe introducteur : ils ont voulu que mon frère apprenne à jouer de l’orgue : ils ont voulu que mon frère apprît à jouer de l’orgue.

Ainsi, les subjonctifs I et II sont-ils sentis « comme contenant à la fois les valeurs temporelles du présent-futur et du passé, et, en même temps, les valeurs modales : réalisable et possible, réalisé et irréel. » (M. Barral) 18« Remarque sur l’emploi des temps du subjonctif en français moderne » in Revue des langues romanes, t. LXXVI, 1965, p. 46, article cité par C. Baylon et P. Fabre, GSFM, p. 149, ouvrage auquel sont aussi empruntés divers exemples de cette présentation, ainsi que l’analyse ci-dessus.. Il ressort de ce qui précède que le passé et le plus-que-parfait du subjonctif ne sont pas liés au passé temporel : ces temps composés s’emploient simplement pour marquer l’antériorité par rapport au verbe introducteur. C’est ainsi que l’on peut fort bien employer le subjonctif passé dans un contexte futur : Il faut que vous ayez terminé ce travail à la fin du mois prochain.