Abréviations
« L’abréviation est un procédé graphique consistant à écrire un mot en n’utilisant qu’une partie de ses lettres, afin de gagner du temps et de la place. On ne doit pas user des abréviations quand leur utilité n’est pas démontrée. » (BU, § 110 & G.T.R., § 501). A noter qu’il faut se garder de confondre abréviation, procédé exclusivement graphique, et réduction ou troncation, forme d’ablation aussi bien graphique que phonétique.
Le procédé phonétique de la troncation affectant le volume d’un mot s’appelle aphérèse (terme tiré du grec jαφαίρεσις / aphairesis, qui veut dire action d’ôter, chute d’une lettre initiale), lorsqu’il touche la première syllabe d’un mot ou d’une locution, comme dans [auto]bus, [auto]car, — et apocope (tiré du grec jαποκοπή / apokopè, qui signifie suppression de lettres ou de syllabes à la fin d’un mot), lorsqu’il affecte la finale d’un terme : alu[minium], dissert[ation], géo[graphie], gym[nastique], etc. (cf. J.-J. Richard, Manuel de stylistique française, p. 67, n. 1).
L’abréviation se fait non seulement par retranchement de lettres finales – cat. pour catégorie – mais aussi de lettres médianes ; la ou les finales ne sont alors pas suivies du point abréviatif : bd pour boulevard. Enfin, l’abréviation ne garde que l’initiale, redoublée dans certains cas pour marquer le pluriel : M. monsieur, MM. messieurs. Lorsqu’une abréviation est nécessaire, mieux vaut abréger un substantif qu’un adjectif. Enfin on veillera à ne pas retrancher plus de lettres qu’il ne le faut, de manière que le terme abrégé soit facilement reconnaissable (d’ailleurs beaucoup d’abréviations sont conventionnelles).
L’usage français, contrairement à l’anglais, ne met pas de point après une abréviation dont la dernière lettre est aussi la dernière du mot, l’s du pluriel inclus : pt (point) et pts (points), Mme, mais M. (et non °Mr !), chap. (chapitre), mais rte (route). En outre, l’usage est de terminer le mot abrégé par une consonne (et avant une voyelle) : hab. pour habitant, gramm. pour grammaire. C’est parce qu’ils ont perdu leur valeur d’abréviation que les symboles métrologiques et chimiques ne sont pas suivis d’un point : h (heure), m (mètre), l (litre), g (gramme), etc.
Remarques. — 1° Les titres de civilité M, Mme, Mlle ne s’abrègent que s’ils sont suivis d’un nom de personne ou de qualité : Je passe la parole à M. Durand ; à l’arrivée de Mme la directrice…
2° On abrège 1er, mais 1re, 2e, 3e, etc. (sans points de suspension !) Le sens et le but d’une abréviation étant d’écrire juste le nombre de lettres nécessaires et suffisantes pour reconnaître le terme abrégé, °1ère ne se justifie pas, puisque re suffit pour signaler la terminaison féminine ! En revanche, alors qu’au masculin un simple r en exposant serait par trop elliptique, aux autres adjectifs cardinaux, un simple e en exposant suffit à leur conférer leur caractère ordinal ; °2ème, °3ième etc. sont donc pléonastiques. Il en va de même de l’abréviation etc. (et cetera), expression latine signifiant et tout le reste : les points de suspension sont de ce fait pléonastiques.
En ce qui concerne les siècles, l’usage est d’employer l’adjectif ordinal romain : xviiesiècle, ou xive s. (au lieu de °17e ou °14e s.) Il n’est pourtant pas bien difficile d’apprendre les chiffres romains au moins jusqu’à XX (20).